Karine Reysset nous livre ici les états d’âme d’une jeune fille qui se cherche ; qui cherche surtout le grand amour. Pour cela Justine butine, va de fête en fête. Elle embrasse, « prend ce qui est à prendre » et se fait jeter.

Entre une sœur de 18 ans qui file le parfait amour et des parents déboussolés devant la frivolité de leur fille, Justine est emplie de paradoxes. Elle déteste tout ce que représente sa grande sœur (c'est-à-dire la stabilité, le sérieux…) mais elle la jalouse pourtant terriblement. Justine s’effondre d’ailleurs en larmes lorsqu’elle lui annonce son emménagement avec son fiancé ; l’adolescente aura beaucoup de mal à s’habituer à l’absence de cris à la maison.  Justine voudrait ressembler a sa sœur mais il lui semble  qu’être adulte c’est ennuyeux,  c’est être vieux. Justine, elle, veut en profiter. Elle veut surtout profiter des garçons. Alors elle s’oublie, s’enivre de musique et de vodka puis elle « embrasse à pleine bouche ». Le lendemain alors, Justine « a envie de mourir ». Ca ne dure pas très longtemps… jusqu’à la prochaine fête, le temps de retomber amoureuse.

            Nous faisons connaissance avec Justine et a sœur au cours d’une violente dispute. C’est dans ce contexte que naissent les doutes et les remises en question de l’adolescente qui se voit traiter de fille facile. Suite à cette dispute, Justine décide sortir danser pour se « vider la tête ». C’est là qu’elle rencontrera un jeune homme énigmatique qui lui ressemblera sur de nombreux points. Bien qu’agacée par ce garçon, elle se surprend à rêver de lui et  l’imaginer en Rhett Butler ; vision bien romantique pour une jeune fille facile… on ressent immédiatement le sentiment de gêne et d’attirance entre les deux personnages. Pourtant l’histoire est laissée en suspens, mais on devine que ce n’est que pour mieux la reprendre plus tard. En effet, après moult rencontres et déceptions, Justine recroisera par hasard R. Buthler qui s’appelle en fait Ivan. Ca n’est qu’à ce moment, presque à la dernière page du livre, que Justine ressentira enfin l’amour véritable. L’amour sincère qui « prend aux tripes » et qui fait que l’on n’ose plus « embrasser à pleine bouche ».

La jeune fille que nous présente ici K. Reysset est criante de vérité. Il semble que l’auteur soit restée adolescente pour pouvoir nous offrir un roman d’apprentissage aussi réaliste. On ressent les paradoxes de Justine, savoure ses crises identitaires. Mais n’est ce pas cela l’adolescence ? Une période pleine de questionnement, de doutes et de dangers ? L’auteur retranscrit avec une justesse implacable le sentiment d’incompréhension et d’injustice que l’on éprouve lorsque l’on a 16 ou 17 ans. Elle montre aussi que quoique l’on fasse la vie passe et l’on grandit. Et si cela est difficile pour les enfants, c’est également douloureux pour les parents qui ignorent parfois comment réagir aux frasques de leurs enfants. Ceux du roman veulent laisser Justine faire ses propres expériences, même si c’est au prix de nombreuses insomnies…C’est essentiellement la sœur aînée qui montrera à Justine le chemin à suivre. C’est elle qui la questionnera et la poussera dans ses derniers retranchements.

Merci à Karine Reysset qui montre dans cet ouvrage à toutes les adolescentes, qu’être une fille facile ça n’est pas si simple…

Reysset, Karine. Je ne suis pas une fille facile. Paris : L’école des Loisirs, 2005. Médium