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Livres et bibliothèques
"Je ne t'aime (toujours) pas, Paulus", d'Agnès Desarthe
--> par Nathalie Le Louarn

Si on parle tant de la sortie de Je ne t’aime toujours pas, Paulus, ce n’est pas un hasard car si on est pas déjà devenu un des adeptes de Julia et de son petit clan lors du premier opus Je ne t’aime pas, Paulus, on le devient indubitablement pendant la lecture de ce dernier.

Julia est une fille comme les autres (si on ne parle pas de sa petite sœur, Judith, qui se met à communiquer en langue des signes du jour au lendemain, de sa mère qui cherche à poser pour la Redoute et de son père, au chômage et ayant un problème de poids de surcroît, qui décide d’écrire des livres de cuisine). Il lui est arrivé une chose extraordinaire dans la première partie de l’histoire : Paulus, le plus beau de tous les garçons de son lycée, s’est subitement mis à s’intéresser à elle, Julia, qui n’est même pas jolie, qui est en plus première de la classe et porte des lunettes (comme si ça ne suffisait pas d’être intelligente !). Après avoir suivi ses tribulations dans le tome 1, Julia, qui a enfin admis que Paulus pouvait l’aimer « pour de vrai » attend toujours son premier baiser !

Le tome 2 s’ouvre en revanche sur une note plutôt tragique : Paulus, le fantastique Paulus, a déménagé ! Alors que leur histoire d’amour vient à peine de commencer, ils doivent déjà se séparer. La trame de l’histoire est lancée : comment Julia va-t-elle pouvoir survivre à cette injustice de la vie ? Sa meilleure amie, Johanna, a une théorie imparable pour résoudre le problème et contenir le chagrin grandissant de Julia : il lui faut un autre amoureux, et tout de suite ! Un deuxième problème surgit alors : mais qui pourra arriver à la cheville de Paulus ? La proie de Julia est toute trouvée lorsqu’elle apprend qu’un correspondant anglais va bientôt arriver dans sa classe : ce sera lui l’élu.

Le jour tant attendu de son arrivée, Julia voit son destin s’incarner en la personne de Dick Pool : si son patronyme laisse présager l’image d’un personnage atypique, le reste de sa personne le confirme ; non seulement Dick n’est physiquement pas un Apollon, mais en plus il s’avère être quasiment muet, et totalement idiot lorsqu’il lui arrive d’ouvrir la bouche. Rien ne va aller en s’arrangeant pour Julia… Johanna, qui était jusqu’alors bien plus préoccupée par les garçons que par Racine, se prend d’une passion subite pour le théâtre et s’éloigne de plus en plus de sa meilleure amie pour fréquenter d’autres gens plus « cool », sans parler de sa mère, ancien mannequin, qui cherche à se reconvertir douloureusement dans les pages de la Redoute…

Tout change et évolue autour de Julia et ses rapports avec les autres deviennent de plus en plus compliqués. On ne parle ici ni plus ni moins que des bouleversements impliqués par le passage de l’adolescence : Julia (mais pas qu’elle) grandit sans même qu’elle s’en rende bien compte,  et on peut la suivre dans chacun des tourments qu’elle rencontre. La farandole de personnages séduit inévitablement, tous plus attachant les uns que les autres (les personnages secondaires sont très drôles), l’identification au personnage de Julia qui nous narre son histoire est infaillible. Cette fille, un peu gauche, qui n’a pas vraiment confiance en elle, mais qui possède assurément un sens critique et un humour décapant, nous embarque dans son univers (un peu fou) : à l’image de sa protagoniste, l’auteur ne se prend pas au sérieux et nous livre un texte respirant la joie de vivre et qui procure au lecteur un bien fou.

Bien sûr, le livre d’Agnès Desarthe ne traite pas d’un sujet tragique, il ne sert à rien de rechercher dans ce livre une dénonciation grave des travers de notre société, et si on parle bien des difficultés à vivre l’adolescence et les premières histoires d’amour, les peines de cœur, on traite toujours ces thématiques avec énormément d’humour et de légèreté. Ici pas de vrai drame, bien que Julia se sépare pendant un moment de sa meilleure amie Johanna et que sa famille connaisse le chômage. On reste dans la gaieté, la joie de vivre, ce qui n’implique en rien le superficiel. La lecture agit ici comme un véritable cocktail vitaminé : le grand plus demeure l’humour qui fonctionne à merveille et dédramatise tout. Dans une société pas toujours positive et parmi des livres traitant de thèmes tous plus graves les uns que les autres, il s’agit ici d’une bouffée d’air frais, totalement indispensable.

L’existence de tels livres paraît plus que nécessaire dans l’espace de la littérature jeunesse : la vie n’est pas seulement dramatique, elle peut aussi réserver de merveilleux moments ; ce texte en donne une belle illustration.

par Nathalie Le Louarn, Deust 2

Je ne t’aime (toujours) pas, Paulus, Agnès Desarthe, école des loisirs, 2005.

 

Ecrit par Nathalie Le Louarn, le Dimanche 20 Novembre 2005, 15:18 dans la rubrique "Critiques Lille 3".