"Je tiens d'abord à faire remarquer qu'on m'a toujours considérée comme une personne normale. Je n'ai jamais cru aux morts vivants ni aux maisons hantées. D'ailleurs, je ne crois en rien. Ni en mon médecin qui confond l'acné avec la rougeole, ni en mon député qui confond mon portefeuille avec le sien, ni en mon mari qui me confondait avec sa secrétaire. Je suis sur terre ce qu'on peut faire de plus incrédule. "

Il y a quand même une chose en laquelle croit Madeleine Bouquet : son métier de documentaliste. Elle ne désespère jamais de pouvoir donner le goût de la lecture aux élèves. Même si les 5e 4, et parmi eux son fils Constantin, ont une prédilection pour des titres comme L'homme au hachoir ou Mamie Dracula. Même si, quand leur professeur de français, M. Logé-Dangerre, leur donne Les fourberies de Scapin, ils demandent si c'est un livre qui fout les boules. Mais pour l'heure, le moral de Madeleine Bouquet est assez bas. Son mari l'a abandonnée, elle ne sait que penser des avances que lui fait M. Logé-Dan-gerre, et son appartement empeste le muguet de manière tout à fait inexplicable. Les objets aussi disparaissent ou changent de place. Les couverts de la cuisine se promènent au milieu des vêtements. D'autres objets arrivent carrément de nulle part. Madeleine l'incrédule a éliminé plusieurs explications plausibles, il ne lui en reste qu'une : elle est en train de devenir folle. Heureusement, ce n'est pas le cas. Il faut juste qu'elle se renseigne d'urgence sur… les elfes. Elle doit d'abord apprendre qu'il y a les " élémentals de terre " et les " élémentals de l'air " et que les elfes appartiennent à la seconde catégorie. Il lui faut ensuite savoir que la capture d'un elfe n'est pas une chose très difficile, mais cependant risquée. Qu'il ne faut pas donner de prénom à un elfe sous peine de ne plus pouvoir le contrôler du tout (cela, Madeleine l'apprendra un peu trop tard). Que les elfes vieillissent très vite, et heureusement, car leur petite enfance et leur adolescence sont très fatigantes. Alors ? Alors Madeleine pourra s'abandonner aux délices de la magie au quotidien.

Les fées, les elfes, les gnomes, les sorcières…, êtres qui peuplent nos rêves, ils refont tous surface dans ce livre magique et drôle, voire hilarant et en même temps assez triste car comment voulez-vous vivre avec un personnage à qui il manque 150 cm et qui grandit 2000 fois plus vite que vous.

Marie-Aude Murail a le chic pour trouver des sujets avec une petite connotation magique, irréelle, si agréable…. Franchement l’intrigue n’est pas plus intéressante que ça mais le contraste entre le cadre commun pour nous (un collège, un appart.) et cette irréalité totale du monde des elfes rend cette histoire absolument décalée et drôle, triste et attendrissante . On voudrait presque croire à ce monde et à cette vie si différente de la nôtre.

C’est cela qui fait de ce livre un superbe roman , merveilleux et tendre, qu’on prend vraiment plaisir à lire.