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Livres et bibliothèques
Interview (imaginaire) de Pierre Bottero
--> par Tiphaine Demuyter

Un petit recueil de ce qu'aurait pu répondre Pierre Bottero à quelques questions bien précises:

1. Acceptez-vous d’être considéré comme un écrivain pour la jeunesse? Avez-vous écrit pour les adultes ou aspirez-vous à le faire? Vous situez-vous du côté des enfants ou du côté des adultes?

Je ne me suis jamais posé la question. Si je dois me dire que j’écris pour les adultes, je ferais quelque chose de factice. J’écris, simplement.

 

2. Le lecteur est-il présent à votre esprit au moment où vous écrivez? Ce lecteur a-t-il un visage pour vous? Y a-t-il des contraintes d’écriture spécifiques au public enfantin?

Je puise mon aspiration du réel…auprès de mes élèves de CM2 ou de mes filles.

Je les écoute vivre et pas seulement parler, j’essaie de ressentir leurs envies, leurs peurs, leurs rêves…

3. Pouvez-vous raconter comment s’élabore une œuvre, du moment où elle naît dans votre esprit à celui où vous la remettez à l’éditeur pour publication?

Ecrire doit être une envie. Terrible. Irrépressible. Tyrannique. Incoercible. Quelles que soient les raisons qui poussent à écrire, elles doivent se raccorder à une envie. Envie d’inventer, envie de dire, envie d’être lu, envie de rêver…

A chaque instant de l’écriture l’envie doit être là. Même lorsque les phrases se coincent et deviennent ridicules sur la feuille, même lorsqu’il faut corriger pour la soixante-quatorzième fois, même quand l’idée que l’on savait  si géniale s’est évaporée…

Et pour que cette envie soit vraie, il faut être soi. Je répète souvent que l’on écrit avec trois choses: avec ses mains évidemment, posées sur le clavier ou tenant le stylo, avec sa tête qui organise un peu tout ça, et, surtout, avec son ventre. Dans le mot « ventre » je place en vrac le cœur, les sentiments, les sensations, les certitudes, les doutes, les intuitions, les peurs, les joies…

Pas de projet de titan, pas d’ambition démesurée, de plan fignolé, de synopsis de folie. Une feuille et l’envie d’y glisser quelques phrases comme elles viennent. Sans préparation. Ce peut être une scène, cette fameuse qui hante ou une autre scène complètement nouvelle découverte en écrivant. Ce peut être un portrait, une description ou simplement quelques paragraphes sans queue ni tête. Peu importe. La seule chose qui compte c’est prendre conscience que la magie existe.

4. Avez-vous conscience de puiser aux mêmes sources d’inspiration, de mettre en scène les mêmes personnages, d’avoir recours aux mêmes techniques narratives? L’acceptez-vous ou tentez-vous de faire évoluer votre écriture?

D’autres ouvrages que ceux de la Quête d’Ewilan sont publiés dans une collection « La vie en vrai » où des enfants sont mis en scène dans le monde actuel avec des problèmes plus ou moins graves. J’insiste donc sur les sentiments, le ressenti des personnages face à leurs problèmes. Sur Ewilan, il s’agit plus de débrider l’imagination.

5. Quelles sont les lectures qui vous ont influencé dans votre enfance?

J’ai dévoré énormément de livres dans tous les styles. Puis j’ai pillé la bibliothèque de mes parents, en commençant par des livres dits pour les adultes, dont je ne saisissais pas le sens. Puis j’ai découvert la littérature de l’imaginaire avec le Seigneur des Anneaux de Tolkien.

A partir de là j’ai absorbé tout ce qui pouvait se faire dans le genre. Aujourd’hui, j’ai une lecture plus éclectique.

6. Comment vous situez-vous par rapport à la société actuelle? Souahitez-vous la transformer ou au contraire vous réfugier dans l’imaginaire? Quelles valeurs voulez-vous promouvoir chez les jeunes?

 

En écrivant les trilogie d’Ewilan j’ai eu l’impression d’ouvrir les portes du rêve au petit garçon que j’étais. Mais je ne voulais pas qu’Ewilan soit une « simple » histoire de fantasy, me retrouver dans un moule préétabli. J’ai donc créé des personnages ancrés dans notre réalité avec un vrai passé et qui basculent dans un monde parallèle où ils vont se découvrir au fur et à mesure de l’histoire.

 

Je ne me vois pas du tout comme un porteur de message quelconque. En revanche, je me jette entièrement dans mon livre. Il est donc inévitable qu’à certains moments, il y ait des choses profondes qui ressortent, des convictions qui se dévoilent comme sur la condition féminine ou le racisme. Mais ce ne sont pas des messages avec une volonté morale. Je tiens à ce que mon livre reste vrai donc je me retrouve à y injecter mes pensées profondes.

 

7. Quels sont vos rapports avec les éditeurs? Tenez-vous compte de leurs avis, de leurs demandes?

 

J’ai des contacts quasi quotidiens avec l’équipe de Rageot. Ils sont pointilleux, exigeants, mais respectueux et pas une seule fois l’histoire ne m’échappe. Nous partageons la même envie de vivre cette aventure jusqu’au bout et je me réjouis d’entendre dans la voix de mes correspondants invisibles la jubilation qui me dévore lorsque j’écris.

8. Qu’attendez-vous des médiateurs du livre qui sont en contact avec les enfants? Des enseignants, des bibliothécaires, des animateurs, des parents? Que leur reprochez-vous éventuellement?

Flammarion Castor Poche a publié mes premiers textes et, si nous continuons à collaborer pour de nouveaux romans, je travaille également avec l’équipe de Rageot Editeur avec laquelle je viens de finaliser un gros projet: la Quête d’Ewilan, une trilogie fantastique. Le bonheur d’être auteur m’a donné l’occasion de découvrir au fil des projets, salons, colloques, rencontres, des gens passionnés et passionnants, lecteurs (jeunes et moins jeunes), éditeurs, organisateurs, bibliothécaires qui attisent mon envie d’écrire et m’incitent à poursuivre.

 

9. Vous arrive-t-il de rencontrer vos lecteurs enfants? Dans quelles conditions? Le faites-vous par nécessité financière ou par plaisir? Cela vous aide-i-il à écrire ou au contraire cela vous perturbe-t-il?

J’aime rencontrer le public et intervenir au près des élèves de primaire, de collège, de lycée et pourquoi pas des adultes.

10. Pourquoi écrivez-vous ou continuez-vous à écrire?

 

L’écriture m’est venue assez tardivement. J’ai toujours eu la plume facile mais jamais pour écrire un livre. Et il y a peu de temps, ma fille désirait participier à un concours d’écriture. Elle coinçait devant son écran, alors, j’ai pris sa place. Je lui ai dit: »regarde, je t’écris le début d’une histoire. Tu es l’héroïne, l’action se déroule dans ton collège avec une prof’ un peu hystérique. Voici deux ou trois pages, maintenant tu continues ». Et j’ai enregistré le fichier sur mon ordinateur.

Ma femme est tombée dessus un jour et a trouvé cela amusant. Elle m’a incité à poursuivre l’histoire. Je l’ai fait, pour m’amuser. Ca lui plaisait, et ça faisait rire ma fille. Peu après, je me suis retrouvé avec suffisamment de feuillets pour que ça ait l’air d’un livre, mais je n’avais aucune ambition de publication. On a tout de même poussé le jeu jusqu’à envoyer le manuscrit à des éditeurs jeunesse. Et quinze jours plus tard, je recevais un coup de fil qui disait « on prend ». Ce fut la véritable bascule dans le monde de l’écriture. Ce petit coup de pouce qui m’a fait passer de ce petit livre de départ à la rédaction de la Quête d’Ewilan.

Ecrit par Tiphaine Demuyter, le Mercredi 1 Mars 2006, 11:17 dans la rubrique "Entretiens imaginaires".